N°35 - Mai 2025
Les marchés de l’énergie européens ont été traversés par une série de soubresauts, tant sur le plan des prix que de la sécurité d’approvisionnement. Les tensions commerciales entre grandes puissances, la météo clémente, mais aussi des événements techniques majeurs, ont contribué à dessiner une dynamique de marché particulièrement mouvante. Les prix de l’électricité et du gaz ont oscillé autour de niveaux relativement stables mais restent influencés par les perspectives de réforme du secteur nucléaire et par la gestion des stocks. Par ailleurs, une panne électrique massive sur la péninsule ibérique a rappelé la vulnérabilité des réseaux interconnectés. Dans ce contexte, le marché du pétrole s’est montré volatil, tandis que le prix du CO₂ a peiné à retrouver une tendance claire, entre incertitude économique et ajustements réglementaires.
Marché de l’Électricité
Le mois d’avril 2025 aura été marqué par une stabilité relative des prix à terme de l’électricité en Europe, avec un Cal-26 oscillant entre 59.64€/MWh et 63.88€/MWh selon les semaines . Les variations hebdomadaires sont restées limitées, reflet d’un équilibre entre une production hydraulique française favorable et une moindre disponibilité éolienne, notamment sur la fin du mois. À court terme, les prix spots se sont tendus lors d’une baisse conjoncturelle des renouvelables, avant de s’assagir grâce à des prévisions météo plus douces et une montée en puissance du solaire.
Un événement majeur a néanmoins rappelé la fragilité du système : le 28 avril, une coupure d’électricité géante a paralysé l’Espagne et le Portugal, affectant transports, aéroports et réseaux de communication. Les opérateurs ont mis entre 6 et 10 heures pour rétablir l’alimentation, avec l’appui du gestionnaire français RTE qui a pu fournir jusqu’à 950 MW pour stabiliser le réseau ibérique. Si aucune cyberattaque n’a été confirmée, l’incident souligne la nécessité de renforcer la résilience des infrastructures électriques interconnectées .
Sur le front réglementaire, la période a vu l’annonce d’une mission parlementaire française autour des prix de l’électricité d’origine nucléaire, alors que la réforme du dispositif ARENH approche (fin prévue au 31 décembre 2025). Le nouveau cadre négocié prévoit un prix moyen cible de 70 €/MWh sur 15 ans (contre 42 €/MWh pour l’ARENH actuel), avec un mécanisme de redistribution en cas de bénéfices excédentaires pour EDF. Des auditions sont prévues de mai à juin pour évaluer l’impact de cette réforme sur les ménages, les entreprises et la compétitivité de la filière nucléaire .
Clôture du 30 avril 2025
Marché du Gaz Naturel
Clôture du 30 avril 2025
Le marché du gaz a été rythmé par une offre mondiale suffisante, une demande modérée en Europe et une météo clémente. Les stocks gaziers européens affichaient un taux de remplissage légèrement supérieur à 35 %, ce qui, à la sortie de l’hiver, rassure sur la sécurité d’approvisionnement . La baisse de la demande asiatique, notamment en Chine (-20 % d’importations de GNL sur le mois), a favorisé un afflux de cargaisons vers l’Europe, permettant des injections soutenues dans les stockages. L’Inde, elle, a privilégié le charbon.
Sur le plan des prix, le Cal-26 a évolué entre 36.31€/MWh (début avril) et 30,23€/MWh (fin avril). Les échéances plus lointaines (Cal-27, Cal-28) suivent une tendance similaire, oscillant entre 29€/MWh et 27€/MWh selon les semaines. Cette détente s’explique autant par la faiblesse de la demande que par la bonne disponibilité en GNL. À noter que l’UE envisage d’assouplir ses contraintes de remplissage des stocks (seuil inférieur à 90 % possible en cas de tensions), un vote étant attendu sur ce point à la fin avril, début mai.
Sur le plan géopolitique, l’équilibre du marché mondial reste sensible aux tensions commerciales sino-américaines, qui influencent la répartition des flux de GNL, ainsi qu’aux interruptions ponctuelles d’approvisionnement (ex. : arrêts norvégiens mi-avril), jusqu’ici sans réel impact sur la sécurité énergétique européenne.
Marchés connexes
Marché du Carbone
Le marché du carbone a accentué sa volatilité en avril, fluctuant principalement autour de 60€t à 67€t, selon les périodes . Après un décrochage notable début avril, les quotas d’émission ont regagné du terrain, portés par l’atténuation des tensions commerciales et la baisse de la production renouvelable (qui dope la demande de quotas). Ce rebond reste fragile, car le marché du CO₂ demeure sensible à la conjoncture industrielle et aux incertitudes économiques. Sur le plan réglementaire, aucun changement majeur n’a été observé sur la période couverte, mais la volatilité des prix témoigne de la nervosité des acteurs face à l’avenir du dispositif ETS.
Clôture du 30 avril 2025
Marché du Pétrole
Les cours du pétrole ont connu une volatilité marquée, évoluant entre 74$/baril (début avril) et 62$/baril fin avril. Les marchés sont tiraillés entre les risques d’excédent d’offre – alimentés par la hausse de la production de l’OPEP+ et la perspective d’un retour du pétrole iranien (suite à des avancées diplomatiques) – et les inquiétudes persistantes sur la demande mondiale, en lien avec la guerre commerciale sino-américaine. D’après les éléments disponibles à date, aucune tendance haussière ou baissière nette ne s’est imposée, preuve de la grande nervosité des acteurs pétroliers.
Clôture du 30 avril 2025
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